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20:36

Société

Pôle de déchets de Bayonne

Ces ''déchets'' que le projet Canopia ne parvient pas à éliminer

Ramuntxo Garbisu

eitb.com

A l'heure où s'ouvre la 2ème et dernière réunion publique sur le pôle déchets Canopia de Bayonne, petit inventaire des points qui fâchent encore entre Bil Ta Garbi et les opposants au projet.

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C''est en 2013 que doit voir le jour un pôle de traitement de déchets d''ordures ménagères dans le quartier de Batz à Bayonne (Pays Basque nord) : déjà baptisée Canopia et gérée par le groupe Urbaser Environnement, ce projet du syndicat mixte Bil Ta Garbi fait actuellement l''objet d''une 2ème enquête publique jusqu''au 10 février 2011.

Doit y être examinée la conformité de son exploitation, après avoir été reconnu d''utilité publique lors d''une première enquête publique en août 2010.

Aucune de ces procédures réglementaires n''a encore permis de réduire le fossé hérissé de piques entre les porteurs du projet, de Bil Ta Garbi aux élus de l''Agglomération de Bayonne-Anglet-Biarritz, aux collectifs d''opposants, qu''ils soient majoritairement constitués de riverains du site dans l''ADECH ou inscrits dans la démarche de défense de l''environnement du CADE.

Cette "meilleure moins mauvaise solution" comme la qualifie l''Adjointe à l''Environnement de Bayonne, Martine Bisauta, ne parvient pas à satisfaire totalement sur au moins deux points précis.

Le choix de son implantation dans une zone urbanisée et en croissance démographique d''une part, et, d''autre part, le choix de la technologie TMB (Tri Mécano-Biologique) mis en oeuvre pour traiter les 80.000 tonnes d''ordures ménagères générées par un bassin de vie de 230.000 habitants.

Le temps qui passe semble apporter un parfum de victoire à ce projet combattu par certains dès sa communication à la population, quand l''agglomération doit trouver une solution après 2012 au transfert actuel de ses ordures ménagères vers un site girondin.

Quelle que soit la détermination de son maitre d''oeuvre, Alain Iriart en tête en tant que président de Bil Ta Garbi, le projet de Canopia devra pourtant assumer de ne pas avoir réussi à réduire à néant un certain nombre de "déchets" dans ce dossier, qu''ils soient historiques, locaux ou politiques.

Qu''il soit affirmé publiquement que, "de toutes façons, il n''existe pas de plan B" n''a vraiment jamais rassuré les citoyens par le passé, et ne peut pas constituer le meilleur gage pour l''avenir.


Des "déchets de concertation" avec la population locale

Si le groupe Urbaser jure ses grands dieux maitriser son process de TMB, 50% des ordures devront tout de même filer vers un centre d''incinération encore à trouver probablement du côté d''Urrugne, et ce pourcentage ne doit cesser de baisser à l''avenir, pour que ne soit pas compromis l''équilibre économique de Canopia.

Sa survie technique, et surtout économique, dépend en effet de sa capacité à respecter la norme légale du compost produit, qui retournerait en déchets sinon, et engloutirait le projet.

Là où de nombreux pays européens ne le font plus, Bil Ta Garbi assume que Canopia soit un pari mené avec sérieux et professionnalisme, encadré par une détermination certaine.

Force est de constater que les uns et les autres ne sont pas tentés de partager.

Le vendredi 21 janvier prochain, une réunion publique à Bayonne organisée par l''Adech ambitionnera de peser le poids de chacune des argumentations, avec le syndicat Bil Ta Garbi entre autres invités.

D''autres régions les ont organisées différemment, c''est à dire avant que ne soit enclenchée la marche en avant du projet, comme dans l''agglomération d''Issé, en Loire Atlantique.

En septembre 2010, une série de réunions publiques avec le maitre d''oeuvre et un industriel du TMB ont permis à quatre communes concernées de se prononcer favorablement ou pas sur ce projet, avec un arbitrage préfectoral en dernier maillon de la chaine de concertation citoyenne.

Un cas de figure qui n''a pas existé ici en Pays Basque nord, peuplant les armoires du projet Canopia de cadavres que le syndicat Bil Ta Garbi ne pourra valoriser.


Les "déchets historiques" de l''usine TMB Ametyst de Montpellier

Sa seule évocation donne de l''urticaire à l''identique aux deux camps en opposition.

De ce projet "pilote"&' || 'nbsp; n''est sorti de terre que le nom d''un cauchemar, Ametyst, dont ni Bil ta Garbi ni l''Adech ne veulent plus jamais entendre parler.

Odeurs pestilentielles, invasions de mouettes, de mouches et de rats, incendie et immobilisation de l''activité : tout ca est désormais connu depuis longtemps, et les travaux successifs de modernisation du "plus grand pôle TMB de France" n''y ont pas changé grand chose.

Rétrospectivement, il faut souligner que l''avis favorable de l''enquête publique, rendu le 3 avril 2006, devait balayer les inquiétudes des riverains avec les mêmes arguments que l''on rencontre aujourd''hui dans les préconisations de Bil Ta Garbi, et dans la réponse du groupe Urbaser.

Mise en confinement et dépression du hall de réception et du process de méthanisation, portes à ouverture rapide : autant d''éléments permettant de conclure à une impossibilité d''odeurs désagréables, concluait l''ADEME en avril 2006, en qualifiant le projet d''Ametyst "d''ambitieux, crédible et adapté au contexte de l’agglomération de Montpellier".

L''Ineris vient au secours de l''enquête publique, en affirmant qu''une modélisation olfactive démontrait le caractère négligeable des pollutions olfactives.

Jusqu''aux Verts de l''Héraut apportent leurs soutiens au projet et s''opposent aux riverains réfractaires, qui refusent son implantation près de leurs maisons.

"Il n''y aura pas d''odeurs, parce que le bâtiment sera fermé et pressurisé", affirmera lélu Verts Jean-Louis Roumégas, qui y voit un procédé "naturel et écologique".

France 3 Languedoc Roussilon se fera l''écho de cette controverse, le 20 janvier 2006.

Dès son inauguration en 2008, soit deux ans après, force est de constater que les riverains auront eu raison, tout en étant les premières victimes.


Installer une usine de méthanisation en ville ?


Les "déchets politiques" entre Bil Ta Garbi et les riverains de Batz

Lors d''une conférence de presse la semaine passée, Alain Iriart s''est montré très critique et incisif quant au positionnement frontal de l''Adech.

Pour le président de Bil Ta Garbi, "les exigences des riverains ont été reprises dans leur intégralité au sein de Canopia", une affirmation difficile à entendre pour ceux qui ont porté comme principale revendication d''éloigner Canopia des premières habitations, pour certaines à moins d''une centaine de mètres du site.

"Il n''y a pas eu une seule réunion publique organisée par Bil Ta Garbi sur Bayonne", rappellent par ailleurs les membres de l''Adech qui en ont déjà organisé plusieurs, "comment peuvent-ils affirmer que notre point de vue a été repris ?.

Pour la prochaine, qui aura lieu le vendredi 21 janvier prochain dans la salle Ste Ursule, Bayonne, le président Alain Iriart y a été invité à participer, tout comme le Maire de Bayonne, Jean Grenet.

Une chaise d''orateur pourrait les attendre sur la même estrade qu''un ingénieur largement revenu du processus Calorga de méthanisation à l''oeuvre à Montpellier et d''un ingénieur qui présentera une alternative de compost tel que pratiquée en Pays Basque sud à Usurbil.


Les "déchets techniques" entre Bil Ta Garbi et les membres de l''Adech.

Si la conduite du projet aurait été guidée par la recherche d''adéquation entre les précautions souhaitées et "tous les moyens nécessaires", il est plus difficile d''entendre les propos du Président de Bil Ta Garbi selon lesquels les opposants de l''Adech gagneraient à "vouloir" comprendre, ou à adopter "une écoute réciproque".

Aucune communication presse ou interne de Bil Ta Garbi n''a porté sur le fait que l''Adech aurait apporté de "faux arguments techniques" ou serait "hors sujet", preuve s''il en fallait que les deux parties sont arrivées à une synthèse acceptable du dossier (composé de 1.200 pages, tel qu''il attend les citoyens intéressés à la Mairie de Bayonne pour l''enquête publique en cours).

Au sein de la Commission Locale d''Information et de Surveillance (CLIS), "Bil Ta Garbi répond à toutes les questions de l''Adech, sans que cela ne soulève d''objections", a par ailleurs communiqué Alain Iriart à la presse le mardi 4 janvier dernier, renouvelant son "appel aux associations pour rentrer au coeur du projet".

Un voeu pieu que ne confirme pas le compte-rendu du CLIS du 19 février 2010 où sera demandé au Président de l''ADECH, Thierry Lasheras, de "préciser l''état d''esprit dans lequel il se trouve" au moment d''aborder la question de Canopia.

Alain Iriart s''interrogera assez franchement sur cette présence&' || 'nbsp; "dans un lieu privilégié de débat dont la qualité permet d''avancer de façon sereine sur les dossiers".

Thierry Lasheras parviendra à assister à ce CLIS en tant que membre du CADE, renouvelant son sentiment de "deux erreurs commises", dans le choix du process TMB et dans celui du site d''implantation.

Deux aspects fondamentaux du projet qui seront classés "non négociables" par Alain Iriart.


Les "déchets de comparaison" entre Canopia et une autre exploitation d''Urbaser, en région parisienne

Le 4 janvier dernier, l''affirmation à la presse d''Alain Iriart selon laquelle "les gens de l''ADECH ne veulent pas venir avec nous visiter des sites TMB qui fonctionnent, pourtant, il faut tout envisager" trouvera le lendemain un contre-exemple concret, avec la visite à Varennes-Jarcy d''un pôle de déchets comparable à Canopia, et précisément géré par le groupe Urbaser.

Membre du CADE et représentant l''Adech lors de cette visite, Christiane Loyce a donc accompagné le Directeur de Bil ta Garbi, M. Carrère, et Dominique Gibaud-Gentili, adjointe à l’environnement de Bayonne et première vice-présidente de Bil Ta Garbi.

"Sur place, quand on sort de la voiture, on sent tout de suite que l''on est devant un pôle de traitement de déchets, il n''y a aucune incertitude là-dessus", confie-t-elle, qui est repartie de cette visite avec quelques assurances mais également un grand nombre de questions encore sans réponse.

La maturation du compost généré et sa composition chimique exacte l''ont sans doute moins gêné qu''un éventuellement sur-équipement de Canopia pour le seul traitement d''ordures ménagères.

Un doute renforcé par la rédaction de l''avis public actuel, qui précise que Canopia pourra également être habilité à composter des boues d''épuration.

Globalement, pourtant, la démonstration semble porteuse pour Bil Ta Garbi, mais à une différence - de taille - près : cette usine TMB est située à 1,8 km de la première habitation, dans un secteur industriel entouré de champs agricoles.

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