L'ETA annonce un cessez-le-feu "permanent et vérifiable"

La bande terroriste ETA a annoncé, lundi 10 janvier, un cessez-le-feu "permanent, général et vérifiable par la communauté internationale" dans un communiqué publié au journal basque Gara.

"C''est un engagement ferme de l''ETA vers un processus pour réaliser une résolution durable et vers la fin de la confrontation armée", a ajouté la bande. Par contre, elle ne mentionne pas l''abandon de la lutte armée ou sa dissolution, comme l''exige le gouvernement espagnol.

L''ETA, dont le dernier attentat remonte à 17 mois, avait fait une série d''annonces en septembre 2010 allant dans le sens d''une suspension de la lutte armée.

L''ETA a annoncé dans le communiqué que "le moment d''agir avec responsabilité est arrivé". La bande "fait appel aux autorités espagnoles et françaises pour qu''elles abandonnent pour toujours les mesures répressives et la négation d''Euskal Herria".

La bande a ajouté qu''"elle continuera à lutter pour arriver à un processus démocratique jusqu''à atteindre une vraie situation démocratique en Euskal Herria".

Elle se dit "en accord" avec les accords de Bruxelles, un document visant à résoudre le conflit basque, signé en mars 2010 au Parlement européen par une vingtaine de personnalités internationales, dont quatre prix Nobel de la paix. L''ETA ajoute que "la solution viendra d''un processus démocratique qui prenne en compte la volonté du peuple basque comme référence supérieure et le dialogue et la négociation comme instruments".

L''ETA répond ainsi aux exigences de ce groupe de travail international et aux déclarations de la gauche indépendantiste basque qui demande depuis le mois d''avril à l''ETA ainsi qu''au gouvernement espagnol de changer leurs stratégies respectives

Version intégrale du communiqué.

Lehendakari : "c''est un pas insuffisant mais il nous rapproche de la fin"

Le lehendakari, Patxi Lopez, a déclaré que l''ETA "a commencé à assumer que sa fin est inévitable" et que ce nouveau cessez-le-feu, "bien qu''insuffisant", nous rapproche plus de la fin du terrorisme.

Patxi Lopez a fait ces déclarations lors d''une conférence de presse sans questions face aux médias au siège de la Présidence du Gouvernement basque, à Vitoria-Gasteiz, pour analyser le communiqué de l''ETA.

Le lehendakari a demandé de la "prudence, de la responsabilité, et de la fermeté". Il a ajouté que la déclaration d''aujourd''hui est le "résultat de la fermeté démocratique de l''Etat de droit et de la pression sociale exercée sur l''ETA pour qu''elle finisse avec les actions terroristes".

Patxi Lopez a ajouté que l''Etat de droit "va se maintenir ferme" et a averti qu''"il y a seulement un chemin, celui d''accepter l''Etat de droit et mettre fin au terrorisme pour toujours".

"Cela n''est pas une mauvaise nouvelle mais ce n''est pas La nouvelle", selon Rubalcaba

L''annonce par la bande armée ETA d''un cessez-le-feu "permanent" a été jugée insuffisante par le gouvernement espagnol qui continue de réclamer l''arrêt définitif et sans condition de la lutte armée, a déclaré le vice-président du gouvernement et ministre de l''Intérieur, Alfredo Perez Rubalcaba.

Pour Rubalcaba, la déclaration de la bande n''est "clairement pas" ce que "la société espagnole espérait". "Cela n''est pas une mauvaise nouvelle mais ce n''est pas La nouvelle", a estimé le ministre lors d''une déclaration à la presse spécialement organisée au sujet du communiqué du groupe armé.

"A la question "est-que c''est la fin ?" (de la lutte armée), je répondrais que non", a ajouté M. Rubalcaba.

"Nous avons insisté à de nombreuses reprises sur le fait que le seul communiqué que nous voulions lire est celui dans lequel l''ETA annonce la fin, de manière irréversible et définitive. Il est évident qu''aujourd''hui, une fois de plus, l''ETA n''a pas fait que nous espérions", a déclaré le responsable.

"L''ETA veut maintenir sa position de tutelle, de garant d''une supposée négociation ou, ce qui revient au même, l''ETA prétend toujours mettre un prix à la fin de la violence", a estimé le ministre.

Madrid rejette aussi l''idée d''une "vérification internationale" du cessez-le-feu, comme indiqué par le groupe armé dans son communiqué. "Dans un Etat de droit, ce sont les forces de sécurité qui vérifient" un cessez-le-feu, a expliqué M. Rubalcaba.

Pour Brian Currin l''ETA a répondu "positivement"

L''avocat sud-africain Brian Currin, médiateur clé dans divers conflits, a évalué positivement le communiqué de l''ETA. "L''ETA a répondu positivement à la demande du cessez-le-feu que les médiateurs internatioanux lui avaient faite", a expliqué l''avocat sud-africain à titre personnel.

Pour l''avocat sud-africain, l''engagement de l''ETA avec un cessez-le-feu "général" signifie que la bande accepte un cessez-le-feu "inclusif" en vertu duquel elle s''engage à "mettre fin à tout acte en rapport avec la violence". "C''est un pas de plus, très important", a-t-il insisté.