L'ex-comptable des Bettencourt accuse Woerth et Sarkozy

Nouvelles révélations dans l''affaire Bettencourt: l''ancienne comptable de la milliardaire affirme que le couple Bettencourt remettait des enveloppes d''argent liquide à des hommes politiques, dont 150.000 euros à Eric Woerth, trésorier de l''UMP, durant la campagne présidentielle, ainsi qu''à Nicolas Sarkozy lui-même, quand il était maire de Neuilly-sur-Seine. Ces informations ont aussitôt été démenties par l''Elysée.

C''est "totalement faux" que Nicolas Sarkozy ait rencontré régulièrement Mme Bettencourt et reçu de l''argent liquide, a précisé l''Elysée à l''Associated Press. L''information sur les 150.000 euros en liquide "semble infondée", selon l''Elysée, qui renvoie au trésorier de campagne à l''époque, Eric Woerth.

De son côté, le ministre du Travail Eric Woerth s''est déclaré mardi matin "outré" par les accusations de l''ex-comptable des Bettencourt, qui a accordé un entretien au site d''informations Mediapart.

"Je suis outré, totalement. Ca fait huit ans que je suis trésorier de mon parti. Je pense qu''on n''a vraiment rien à me reprocher. (...) Je n''ai touché sur le plan politique au moindre euro qui ne soit pas légal", a-t-il dit mardi devant la presse.

A la question de savoir s''il allait porter plainte en diffamation, il a répondu: "Mais contre quoi? Contre des propos de site. Oui, on va regarder évidemment".

"Moi, je compte beaucoup aussi sur un rapport. Il y a le rapport de l''Inspection générale des finances. C''est pas vraiment des gens faciles. C''est des gens autonomes", et "l''inspection des finances dira si oui ou non, il y a un lien entre je ne sais quoi et moi, comme (ancien) ministre du Budget", a-t-il ajouté.

L''ancienne comptable de Liliane Bettencourt, qui a été interrogée une nouvelle fois lundi par la police, "avait un accréditif pour retirer des espèces" et "une partie de ces espèces a effectivement été remise, pas par elle-même puisqu''elle ne l''a jamais fait, mais par d''autres personnes à un certain nombre d''hommes politiques", a expliqué son avocat, Me Antoine Gillot, sur France-Info.

Quant à des sommes en liquide qui auraient été remises par le couple Bettencourt à Nicolas Sarkozy "selon les indications de ma cliente, c''est une information qui est exacte", a-t-il précisé. "D''après ce qu''elle me dit, elle remettait des enveloppes en espèces et ces enveloppes étaient remises directement à M. Sarkozy à l''époque".

Selon Edwy Plenel, le directeur du site d''information Mediapart qui a publié l''interview de l''ancienne comptable, "elle dit que très régulièrement il y avait des remises d''espèces à des hommes politiques et parmi ces hommes politiques, un visiteur régulier, alors maire de Neuilly-sur-Seine, Nicolas Sarkozy, aujourd''hui président de la République".

"L''argent était dans des enveloppes craft, elle donne des détails et des précisions". Notamment, "elle précise que tous ces versements ont été consignés dans des cahiers, dans des carnets qu''elle a laissés au moment de son départ fin 2008 à Madame Bettencourt", a-t-il dit sur France-Info.

L''avocat de l''ex-comptable a rappelé que "s''agissant des politiques" en général, "c''est M. Bettencourt à l''époque qui se chargeait de la remise de ces espèces et puis plus tard M. Maistre" (Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt).

"En mars 2007, M. Maistre lui avait demandé de retirer une somme de 150.000 euros en espèces, en lui indiquant que cette somme était destinée à M. Woerth", a rapporté l''avocat de l''ex-comptable. "Elle a, à l''époque, refusé parce qu''elle n''avait qu''un accréditif de 50.000 euros à la banque. Moyennant quoi, il lui a été demandé de retirer ces 50.000 euros, elle les a remis à Mme Bettencourt qui les a remis à M. Maistre, qui lui-même au cours d''un dîner les aurait remis à M. Woerth".

"Elle raconte comment en 2007 au moment de la campagne présidentielle, elle a été amenée à sortir du liquide, qui ne suffisait pas puisqu''il a fallu également aller chercher d''autre argent en espèces en Suisse, qui selon elle a été remis à Eric Woerth au total 150.000 euros", a précisé M. Plenel.

"Ce point, elle l''a expliqué aux policiers hier après-midi quand elle a été entendue de nouveau par eux dans le cadre de l''enquête menée à Nanterre", a-t-il ajouté.