Société
Zone portuaire Bayonne Tarnos
Ramuntxo Garbisu
eitb.com
Une gendarmerie qui communique sur un cas de suicide "sous toutes réserves", des faits qui contredisent cette seule version : les proches de Johan Arfini demandent la vérité sur sa mort.
Samedi matin a été mis en terre Johan Arfini à l''église de Tarnos, après avoir été trouvé sans vie le dimanche 3 avril dernier sur son lieu de travail dans l''usine Agriva dans la zone portaire de Bayonne.
"A l''heure qu''il est, on s''oriente toujours vers la piste d''un acte volontaire", explique-t-on ce lundi encore à la gendarmerie de Tarnos, chargée de l''enquête après la découverte du corps sans vie de Johan, 38 ans, à l''aplomb d''une passerelle de 18 mètres de haut, dans des termes proches de ceux, recueillis la semaine précédente par eitb.com, complété alors d''un "sous toutes réserves, bien entendu".
A la détresse de ce jour de funérailles s''est alors mêlée "de l''incompréhension, au minimum", expriment aujourd''hui ses proches, après que cette thèse du suicide ait immédiatement accompagné l''annonce du décès de cet ouvrier, dans un contexte où aucun élu local ni aucune organisation syndicale n''a officiellement communiqué de réaction vis à vis de ce drame.
L''explication ne convainc absolument pas son entourage, qui s''interroge autant sur les éléments connus des circonstances que sur cette "hâte" à diffuser la théorie du suicide.
En contradiction avec l''avis définitif du médecin-légiste, qui maintient quant à lui la version d''un accident, un avocat a été engagé depuis ce lundi par la famille de Johan Arfini, et une autopsie du corps sera demandée à la justice.
Les proches de Johan Arfini ont ouvert une page Facebook en sa mémoire, mais également "pour connaître la vérité" sur sa disparition tragique.
Un ouvrier récemment élu délégué au Comité d''Entreprise d''Agriva
En premier lieu,malgré des périodes difficiles par le passé, Johan Arfini avait entamé une lutte quotidienne pour s''occuper de sa fille de 13 ans (un voyage tous les deux était daté pour cet été), et il portait un projet de création imminente d''une société individuelle.
Décrit par ses amis comme une personne dont la joie de vivre intensément ne s''accorde pas avec des problèmes psychologiques, il avait récemment endossé au sein de l''usine Agriva des responsabilités de délégué du personnel au Comité d''Entreprise (sans étiquette), et était connu pour son pointillisme dans les questions de sécurité inhérentes à cette fabrique industrielle d''engrais, qu''il consignait dans un carnet au jour le jour.
Ce carnet de notes, confie un ouvrier ayant souhaité garder l''anonymat, était en sa possession le jour du drame, à 19h30, comme il l''a brandi devant ses collègues, avant qu''il ne soit découvert inanimé à 22h par l''équipe de relève, sans que ce carnet manuscrit ne fasse pas partie des éléments remis à la famille.
Quand la thèse d''un acte volontaire s''accompagne d''une hâte certaine
La communication immédiate sur un acte suicidaire interroge quelque peu, quand, dès le mardi 5 avril, l''édition landaise de Sud Ouest évoque ce fait-divers tragique, en précisant que "selon les premiers éléments de l''enquête confiée à la gendarmerie, il pourrait s''agir d''un suicide".
"Ils sont allés un peu vite", réagit ce lundi un des deux inspecteurs, "l''enquête continue et nous n''avons aucune certitude".
Une déclaration qui surprend la rédaction du quotidien, "nous n''avons rien inventé", y réagit-on, qui confie avoir reçu cette version dès le lundi 4 avril.
"Par ailleurs", explique-t-on à Sud-Ouest, "quelques jours après notre publication, on a reçu un coup de fil de la gendarmerie, qui nous a reproché de communiquer sur un cas de suicide, puisque, d''ordinaire, on n''en parle pas. Effectivement, on ne le fait pas quand cela se passe dans un cadre privé, mais ici, sur un lieu de travail, cela nous semblait normal d''en faire l''écho".
La piste de l''accident du travail estimé "peu probable"
Suicide ou pas, les faits constatés pourraient pour le moins accréditer la thèse d''un accident de travail, comme sa présence supposée sur une passerelle située à 18 mètres de haut un jour marqué par une pluie persistance et un vent de 60 km/h ce soir-là.
"Je ne pense pas que l''on puisse privilégier cette piste", estime pourtant l''inspecteur, une explication "étonnante" pour le beau-père de la victime, qui a pu prendre connaissance de la topologie des lieux.
"La passerelle de laquelle Johan serait tombé est bordée par un garde-fou d''environ 80 cm de haut", confie-t-il, "mais sur plus de 10 mètres, le sol est encombré d''un coffret électrique de 46 cm de hauteur", ce qui fait que, en pratique, la protection n''aurait qu''une hauteur de 34 cm de haut.
Largement insuffisante pour garantir la sécurité d''un ouvrier, mais par contre largement suffisante pour accréditer la piste d''un accident de travail.
Une blessure à la tête, "principale plaie"
Son casque de travail retrouvé sur la passerelle à l''aplomb de la chute semble également être la seule preuve de présence de Johan Arfini sur cette zone, un élément incompréhensible de plus pour son beau-père, qui se demande encore comment un casque anti-choc de 300 gr environ a réussi à ne pas être emporté par le vent à cet endroit.
L''état du corps retrouvé est également une énigme, la gendarmerie et la famille de Johan confirmant que "la plaie la plus importante" retrouvée sur son corps est une blessure à la nuque, quand une chute d''un corps du haut de 18 mètres doit logiquement se compléter par de multiples fractures, voire la destruction partielle de sa structure osseuse.
Aucune demande de reconstitution corporelle n''a été proposée à la famille, mais son beau-père a pu constater que l''état du corps ne correspondait pas à un tel cas de figure.
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