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Rédaction
Ce mercredi 15 mai, des associations de défense des langues "régionales", dont Euskal Konfederazioa, ont demandé officiellement l'"asile culturel" auprès de l'Unesco à Paris.
Rassemblement devant le siège de l'Unesco. Photo: DR
Les associations de défense des langues "régionales", dont Euskal Konfederazioa, ont demandé officiellement l'"asile culturel" auprès de l'Unesco, l'organisation des Nations Unies pour l'éducation et la culture, lors d'un rassemblement ce mercredi 15 mai sur le parvis de l'Unesco à Paris.
Une centaine de personnes, dont Hur Gorostiaga, président de Seaska, et la sénatrice PS Frédérique Espagnac, se sont rassemblées derrière une banderole sur laquelle on pouvait lire: "L'État français tue nos langues. Nous demandons l'asile culturel à l'Unesco". Une délégation a été reçue par l'Unesco.
À l'UNESCO pour défendre les langues régionales ! twitter.com/FEspagnac/stat…
— Frédérique Espagnac (@FEspagnac) 15 mai 2013
À travers cette manifestation symbolique, les défenseurs des langues "régionales" ont voulu dénoncer "la discrimination linguistique systématique de l'État français" et exprimer leur grande déception face à la promesse non tenue de François Hollande concernant la ratification de la Charte européenne des langues régionales et face à la faible présence des langues "régionales" dans les projets de loi sur la refondation de l'école et sur la décentralisation.
Bien qu'elle ait pris une part essentielle à l'élaboration de plusieurs conventions internationales relatives à la diversité linguistique et culturelle, "la France est en contradiction avec l'Unesco et avec ses engagements internationaux," estiment les associations. Vu que le droit français n'accorde aucun statut aux langues "régionales", "les dispositions législatives ou les initiatives locales favorisant le plurilinguisme sont systèmatiquement attaquées et annulées par les plus hautes juridictions de l'État que sont le Conseil d'État et le Conseil constitutionnel".
Au Pays Basque, par exemple, le soutien des collectivités locales à l'enseignement immersif des ikastola a été mis sous la menace du juge administratif.
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"Seule une modification de la Constitution permettrait la ratification de la Charte européenne des langues régionales (...) et assurerait enfin une sécurité juridique minimale aux multiples initiatives locales favorables à la pratique des langues vernaculaires de France," selon les associations.
Les défenseurs des langues "régionales" sur le parvis de l'Unesco
Or, suite à un avis négatif du Conseil d'État, le président de la République a renoncé à réviser la Constitution pour autoriser la ratification de la Charte européenne des langues régionales. "Nous avons des difficultés d'ordre juridique, mais nous sommes favorables à la ratification," a dit ce lundi 13 mai le ministre de l'Éducation, Vincent Peillon.
>> Lire : La Charte européenne des langues reste dans le tiroir
Invité de Jean-Jacques Bourdin sur BFM TV, Vincent Peillon a annoncé qu'un amendement serait déposé au Sénat la semaine prochaine pour "développer l'enseignement des langues régionales et des cultures régionales pour les élèves", dans le cadre du projet de loi sur la refondation de l'École. Rappelant que "l'apprentissage précoce d'une langue régionale favorise l'apprentissage du français", Vincent Peillon a également précisé que le nombre de postes au concours serait augmenté.
Or, il reste à savoir quel sera le contenu précis de l'amendement... Pour le moment, les amendements qui ont fait entrer les langues "régionales" dans le texte du projet de loi, voté en première lecture à l'Assemblée nationale et examiné au Sénat la semaine prochaine, ont fait grincer des dents aux défenseurs des langues "régionales".
L'adoption de l'article 27 bis concernant les langues "régionales" a même suscité une grande inquiétude. Intégré dans le texte par la Commission des Affaires culturelles de l'Assemblée, l'article 27 bis, selon lequel "les professeurs sont invités à intégrer les langues et cultures régionales dans leur enseignement", a été amendé et remplacé par la formulation suivante : "Après accord des représentants légaux des élèves ou des élèves eux-mêmes s'ils sont majeurs, les professeurs peuvent recourir aux langues régionales chaque fois qu'ils peuvent en tirer profit pour leur enseignement de la langue française".
Cet article est "catastrophique" et "régressif", selon Philippe Martel, président de la Fédération des Enseignants de Langue et Culture d'Oc. "Actuellement et depuis 62 ans les enseignants étaient "autorisés"... Demain avec votre loi ils devraient demander une autorisation pour continuer de faire ce qu'ils peuvent faire aujourd'hui...? On serait ainsi plus près de la chasse au patois de jadis que de la "promotion des langues régionales" et de la diversité culturelle attendue aujourd'hui," a-t-il dit dans un courrier adressé au ministre de l'Éducation.
Le projet de loi de décentralisation peine lui aussi à s'ouvrir aux langues "régionales". Le troisième texte du projet de loi, relatif au développement des solidarités territoriales et de la démocratie locale, consacre un seul article aux langues "régionales". Un article qui ne concerne que les activités extra-scolaires.
Il s'agit du chapitre III du projet de loi dont l'unique article, l'article 9, propose de compléter l'article L. 216-1 du Code de l'éducation pour que les activités qui peuvent être organisées par les collectivités territoriales dans les établissements scolaires hors du temps d'enseignement peuvent porter sur la connaissance des langues et cultures "régionales".
Pour les défenseurs des langues "régionales", ce seul article est "un lot de consolation ridicule", "un réconfort insuffisant". "Un projet de loi taisant aurait été moins insultant," a estimé Martine Bisauta, de la plateforme citoyenne Batera.
>> Lire : Les langues "régionales" dans le projet de loi de décentralisation
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