politique
Mandat d'arrêt européen
Rédaction
Une semaine après l'arrestation et l'extradition d'Aurore Martin, la mobilisation ne faiblit pas au Pays Basque.
Aurore Martin à coté du sénateur-maire de Biarritz Didier Borotra en 2011. Photo: EITB
Malgré la demande du ministre de l'Intérieur, Manuel Valls, d'y mettre fin, la polémique autour de l'extradition d'Aurore Martin ne faiblit pas, une semaine après son arrestation. La mobilisation non plus: la manifestation en soutien aux droits des prisonniers basques, prévue depuis longtemps ce samedi 10 novembre à Bayonne, s'annonce d'envergure.
S'exprimant à l'Assemblée nationale, le ministre de l'Intérieur a demandé d'"arrêter de polémiquer sur un sujet qui est grave", peut-on lire dans le Nouvel Observateur. En rappelant que "le mandat d'arrêt européen est une opération de juge à juge", Manuel Valls a réaffirmé que "le gouvernement n'a pas à intervenir et n'est pas intervenu, et je ne suis pas intervenu".
Tout comme dans les entretiens accordés ce dimanche à Sud Ouest et ce lundi au Parisien, le ministre défend toujours le caractère "fortuit" de l'arrestation et estime que ceux qui disent le contraire "mentent". "Les gendarmes ont fait leur travail et je n'admettrais pas que des élus, notamment des parlementaires, mettent en cause le travail de la gendarmerie quand il s'agit d'appliquer une décision de justice", a-t-il dit, selon le Nouvel Obs.
Après la remise à l'Espagne d'Aurore Martin en vertu d'un mandat d'arrêt européen, ses proches, amis et plusieurs élus du Pays Basque ont douté du caractère "fortuit" de l'arrestation, alors que des élus de tous bords, dont des sénateurs et députés du PS, ont remis au président de la République, François Hollande, une lettre ouverte demandant la "libération immédiate" de la militante basque.
Depuis ce mercredi, une pétition en ligne invite tous les citoyens à cosigner cette lettre.
La polémique autour de l'extradition d'Aurore Martin est montée d'un cran ce mardi après la diffusion de l'acte d'accusation du juge espagnol qui a décidé vendredi dernier d'incarcérer Aurore Martin. L'acte d'accusation comprend notamment des faits commis dans le Pays Basque nord, en France, alors que la cour d'appel de Pau avait autorisé l'application du mandat d'arrêt européen espagnol émis à l'encontre d'Aurore Martin en rejetant notamment ces faits commis en France.
Les avocates d'Aurore Martin ont déposé un recours soulevant notamment "un problème diplomatique". "Si le juge espagnol décidait de poursuivre Aurore Martin pour des faits supposés commis en France, ce serait au mépris des droits fondamentaux," a estimé Jean-René Etchgaray, avocat et premier adjoint au maire de Bayonne, selon ses propos recueillis par Sud Ouest.
La députée socialiste Colette Capdevielle, de son côté, a annoncé qu'elle saisira le ministre des Affaires Étrangères "pour non respect par l'Etat espagnol des décisions judiciaires françaises".
Je vais saisir le ministre des affaires étrangères pour non respect par l'Etat espagnol des décisions judiciaires françaises#AuroreMartin
— Colette Capdevielle (@c_capdevielle) Novembre 6, 2012
La Ligue des droits de l'homme a également adressé une lettre ouverte à François Hollande pour dénoncer l'extradition d'Aurore Martin. "Admettre qu’une ressortissante française puisse faire l’objet de poursuites pénales pour des faits légaux en France, mais réprimés en Espagne, atteste d'une incohérence de l'Etat de droit européen qui porte préjudice à l’idée même de justice," écrit la Ligue dans sa lettre.
La ligue rappelle aussi les doutes qui existent dans la Commission européenne autour du mandat d'arrêt européen. "Ce n'est pas sans raisons que la Commission européenne, elle-même, s'interroge sur les dysfonctionnements d’un système aussi peu respectueux des libertés individuelles, au point d'envisager des modifications de la directive. Nous vous demandons d'appuyer cette démarche et, au besoin, d'en prendre l'initiative".
Au-delà de ces éléments juridiques, "il reste et il demeure qu’une jeune femme est aujourd’hui en détention pour une durée au moins de plusieurs mois, devant une juridiction d’exception parce que les autorités espagnoles ont cru devoir criminaliser une expression politique, celle de l'indépendantisme basque," ajoute la Ligue des droits de l'homme.
Prévue depuis longtemps, la manifestation en soutien aux droits des prisonniers basques, qui aura lieu ce samedi 10 novembre à Bayonne, s'annonce d'envergure, même si les organisateurs redoutent une fermeture partielle de la frontière entre le Pays Basque sud et Pays Basque nord.
Selon Emilie Martin et Gabi Mouesca, porte-parole du mouvement Herrira, "jamais la question des prisonniers n'a été aussi présente". L'arrestation et l'extradition d'Aurore Martin, ainsi que les propos de Manuel Valls ont contribué, selon eux, à "une prise de conscience du déficit démocratique au Pays Basque". Le mouvement Herrira entend "indiquer au matamore de Paris que la ligne rouge a été franchie," selon leurs propos recueillis par La Semaine du Pays Basque.
De nombreuses organisations politiques, syndicales et associatives, ainsi que 150 élus, ont appelé à y participer. Fin octobre, le barreau des avocats Bayonne a adopté une motion réclamant la fin de la politique d'éloignement et de dispersion des détenus, mais aussi encourageant à la mise en place d'un "dialogue entre les différentes parties dans le prolongement de la Conférence internationale pour la Paix".
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