Marine Le Pen prend les rênes du Front national

Marine Le Pen a succédé dimanche à son père à la tête du Front national, lors du congrès de Tours. A 42 ans, la nouvelle présidente du FN compte jouer de son image et de sa médiatisation pour mener le parti d''extrême droite à l''élection présidentielle de 2012, cherchant à développer de nouveaux thèmes pour élargir son électorat.

"De ce congrès commencera un effort sans précédent pour transformer le Front national, faire de notre parti un socle de construction et de renaissance de notre pays", a lancé Marine Le Pen lors de son premier discours de présidente, en clôture du congrès. "Au travail spectaculaire des ''éveilleurs'', doit maintenant à compter de ce jour succéder celui des bâtisseurs", a ajouté celle qui a bâti son ascension sur la "dédiabolisation" et la volonté de faire du FN un parti de gouvernement.

Sans surprise, la benjamine de Jean-Marie Le Pen a été élue par les adhérents par 67,65%, contre seulement 32,35% pour son adversaire Bruno Gollnisch. Chargée de mener le Front national à la bataille présidentielle de 2012, son premier discours à pris des allures de programme de campagne.

S''éloignant des thèmes fétiches du Front national, elle a longuement insisté sur la restauration de la "souveraineté nationale", se fendant d''un plaidoyer pour l''"Etat-nation". Prônant une nouvelle "politique fiscale et sociale", elle a même teinté ses propos d''une touche d''écologie.

Dans une volonté de trancher avec le style de son père, Marine Le Pen a repris à son compte le thème de la "laïcité".

"Dans notre pays, (...) aucun culte ne doit empiéter sur la sphère publique. La foi doit rester une affaire strictement privée et son expression ne doit faire l''objet d''aucune provocation", a-t-elle estimé, citant notamment la "construction de mosquées" ou "l''introduction d''interdits alimentaires religieux dans les cantines scolaires".

"Notre nation est en proie à la dislocation (...) Nos valeurs de civilisation, nos traditions, comme nos modes de vie ou nos coutumes, sont contestés dans de nombreux endroits: dans les écoles, dans les lieux publics, dans des quartiers entiers (...) Le drapeau tricolore est brûlé publiquement et remplacé par des emblèmes étrangers. Notre hymne national est sifflé par des voyous qui se comportent comme en pays conquis", a-t-elle déclaré, stigmatisant les étrangers et les musulmans, sans pour autant prononcer les mots "immigrés" ou "islam".

L''intronisation de la nouvelle patronne du FN n''a pas été sans provoquer quelques remous. Claquant la porte du parti, un ancien compagnon de route de Jean-Marie Le Pen, Farid Smahi, a provoqué un esclandre devant les médias, pour contester son exclusion du bureau politique, dont il était membre jusqu''à présent.