Les 4 gardes à vue prolongées de 24 heures

Quatre membres de l''entourage de Liliane Bettencourt, dont son gestionnaire de fortune Patrice de Maistre et son ami photographe François-Marie Banier, ont vu vendredi leur garde à vue prolongée de 24 heures dans le cadre de l''enquête sur blanchiment de fraude fiscale, a-t-on appris de source judiciaire.

Les deux proches de la milliardaire de 87 ans sont entendus par les enquêteurs de la brigade financière, tout comme son ancien avocat fiscaliste Fabrice Goguel et Carlos Vejarano, qui gère l''île d''Arros aux Seychelles, achetée par le couple Bettencourt en 1999.

Ces quatre personnes ont été placées en garde à vue jeudi matin dans le cadre de l''enquête préliminaire ouverte le 9 juillet par le parquet de Nanterre, après la transmission à la justice de conversations qui, enregistrées à l''insu de l''héritière de L''Oréal, laissent entrevoir des agissements fiscalement douteux.

Ces écoutes, réalisées par l''ancien maître d''hôtel de Liliane Bettencourt, révèlent que des biens de la milliardaire n''ont pas été déclarés en France, notamment deux comptes en Suisse et l''île d''Arros. Achetée en 1999 par le couple Bettencourt, cette île est gérée par une fondation dirigée par Carlos Vejarano qui pourrait l''avoir discrètement donnée à François-Marie Banier.

Selon ces enregistrements clandestins, Patrice de Maistre aurait envisagé, avec l''aide de l''avocat fiscaliste Fabrice Goguel, de transférer les deux comptes bancaires vers d''autres paradis fiscaux, à l''époque où les contribuables français étaient dans le ligne de mire du fisc. Il conseille également à Mme Bettencourt de ne pas déclarer l''île d''Arros. Après la révélation de ces écoutes, Liliane Bettencourt a affirmé que les fonds seraient rapatriés en France.

Patrice de Maistre "n''a rien fait d''illégal", a déclaré son avocat, Me Pascal Wilhelm, dans un courrier électronique à l''Associated Press.

Les enregistrements, dont le site Mediapart et plusieurs hebdomadaires ont publié des extraits, ont été réalisés par l''ancien majordome de Liliane Bettencourt, inquiet de l''influence que François-Marie Banier exerçait sur elle. Le maître d''hôtel avait ensuite confié ces bandes à la fille de la milliardaire, Françoise Meyers-Bettencourt, qui poursuit le photographe pour abus de faiblesse. Elle accuse M. Banier d''avoir soutiré à sa mère un milliard d''euros sous forme d''oeuvres d''art, d''assurances-vie et autres dons. Elle a transmis à la justice les écoutes clandestines dans le but de prouver l''abus de faiblesse.

Alors que sa fille a une nouvelle fois réclamé sa mise sous tutelle, Liliane Bettencourt, 87 ans, assure qu''elle "sait parfaitement gérer les affaires de (sa) famille". Pour le démontrer, elle a demandé cette semaine que soit organisé un audit sur la gestion des sociétés Téthys et Clymène et sur la Fondation Bettencourt-Schueller.

La holding Thétys contrôle les diverses participations familiales dont celles dans le groupe L''Oréal. Clymène, dirigée par Patrice de Maistre, gère la fortune de Mme Bettencourt. La Fondation Bettencourt-Schueller, fondée en 1987, finance des programmes scientifiques et culturels. Ses capitaux s''élèvent à 120 millions, selon son site.

"Je suis parfaitement consciente de mes actes et j''estime ne pas avoir besoin d''être prise en charge", a assuré Mme Bettencourt mercredi dans un communiqué. Notant qu''elle se consacre depuis 40 ans "à son rôle de premier actionnaire du premier groupe mondial de cosmétique", elle a dit espérer que sa fille "ne déstabilisera pas ce groupe" fondé par son père, Eugène Schueller.