Politique climatique : "Les actes sont très éloignés des discours"

Le collectif altermondialiste basque Bizi épingle la politique française sur le climat et lance une initiative pour créer un logo mondial symbolisant l'urgence climatique et la justice sociale.

La COP18, conférence internationale sur les changements climatiques, se déroule actuellement à Doha au Qatar, un des pays les plus pollueurs de la planète. "Le choix du Qatar est révélateur du décalage total des comportements de nos décideurs avec la gravité et l'urgence du basculement climatique en cours," estime Bizi. Selon le collectif basque, "tout le monde sait qu'il ne va rien sortir de ce 18ème sommet Onusien", "les actes sont très éloignés des discours".

Pourtant, la sonnette d'alarme sonne toujours plus forte. Au moment où Bizi s'adressait à la presse à Bayonne, une étude a été rendue publique à Doha indiquant que le niveau des mers s'élève 60% plus vite que ne l'avait projeté en 2007 le groupe d'experts de l'ONU sur le climat, le Giec. Publiée dans la revue britannique Environmental Research Letters, l'étude indique que les mers monteraient de 3,2 mm par an au lieu de 2 mm.

D'ici la fin du siècle, la hausse du niveau de la mer obligera des centaines de millions de personnes de se réfugier suite à la disparition de leurs terres.

La Banque Mondiale, de son côté, a alerté du "scénario noir d'un réchauffement du thermomètre mondial de 4°C dès 2060, si les gouvernements mondiaux n'agissent pas d'urgence," a rappelé Bizi. "Tout se joue dans la décennie qui vient," a alerté le collectif basque. Or, les dirigeants peinent à sortir de leur "inertie criminille".

La politique climatique de François Hollande épinglée

Bien que François Hollande ait annoncé vouloir être exemplaire en matière de lutte contre le réchauffement climatique, "le gouvernement français semble loin d'avoir pris la mesure des transformations nécessaires," estime Bizi.

"Malgré de nombreuses déclarations, François Hollande et son gouvernement n'ont toujours pas définitivement écarté la possibilité d'exploration et d’exploitation des gaz et pétroles de schiste ; ils s'entêtent à construire un nouvel aéroport international inutile et nocif, ils poursuivent les projets de lignes à grande vitesse, ils entendent développer la filière nucléaire, autant de verrous pour entamer une véritable transition énergétique," dénonce le collectif altermondialiste basque.

Bizi demande au gouvernement français de faire siennes les alertes des scientifiques et les exigences et propositions portées par les mouvements sociaux. "Il s'agit d'abandonner immédiatement les grands projets inutiles, de financer une politique de sobriété et d'efficacité énergétique à la hauteur des enjeux, d'accroître les ambitions de réductions d'émissions de l'UE, d'abandonner les dispositifs liés à la finance carbone pour introduire une taxation internationale sur l'énergie et un moratoire général sur toute nouvelle exploration d'énergies fossiles," a dit le collectif basque.

En quête d'un logo mondial pour l'urgence climatique et la justice sociale

En considérant que la lutte pour le climat manque d'un symbole international équivalent à ce qu'a pu représenter le ruban rouge pour le mouvement sida, Bizi a décidé de prendre une initiative pour lancer une dynamique sur les 5 continents pour la création d'un logo mondial symbolisant l'urgence climatique et la justice sociale.

"Nous voulons enclencher une vague de réalisations de propositions de logos," a annoncé Bizi ce mercredi matin à Bayonne. "Un jury international en choisirait un aux alentours de la publication du 5e rapport du GIEC fin septembre 2013," a précisé le collectif.

Le logo permettra de "rendre visible et omniprésent le thème urgence climatique-justice sociale sur toutes les poitrines d'artistes, de personnalités, de militants, etc".

Pour lancer cette initiative, Bizi est en train de réunir une dizaine de signatures de personnalités internationalement connues autour d'une lettre d'appel qui sera lancée début 2013. Bizi recherche également des informaticiens bénévoles et veut constituer un réseau de traducteurs bénévoles. À suivre sur bizimugi.eu.