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07:35

environnement et science

Une pollution dénoncée

Hasparren : la "version officielle" ne retient pas l'erreur humaine

Rédaction

eitb.com

Le déversement de "jus de décharges" à Hasparren, réduit à un "ruissellement faible et non significatif" par le groupe SITA Suez, colle moins à la chronologie des faits qu'une erreur de manipulation.

  • Bassin de lixiviats de la décharge Hazketa d'Hasparren

    Bassin de lixiviats de la décharge Hazketa d'Hasparren

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L'épisode dimanche dernier du déversement de "jus de décharges" (lixiviats) dans un cours d'eau de la commune d'Hasparren, tel que décrit lundi dans un article d'eitb.com, donne lieu ce mardi à une "version officielle" de la part du groupe Sita Suez qui gère le Centre de stockage de déchets ultimes d'Hazketa, sous les ordres du syndicat Bil ta Garbi, qui assure le rôle de donneurs d'ordre au nom de la collectivité publique.

La conclusion est que "il n’y a pas eu d’impact significatif sur le milieu naturel", assure le service de communication de Sita Suez en Gironde.

L'incident serait donc réduit à "un ruissellement de lixiviats fortement dilués présentant des valeurs de toxicité très en dessous des normes autorisées".

Pas de quoi fouetter un poisson-chat, aura-t-on estimé, mais le directeur du site Hazketa a tout de même choisi "d'intervenir rapidement", en fermant "manuellement" la vanne d'eaux pluviales qui conduit au ruisseau en contre-bas, à 18h30 ce soir-là.

L'affirmation d'un "ruissellement" qui se serait déroulé dimanche "entre 14h30 et 19h" ne résiste malheureusement pas aux clichés du ruisseau déjà pollué à 10h ce jour-là, tel que constaté appareil photo à la main par un lanceur d'alertes du collectif Hazketa 2010.

Pour le groupe SITA Suez, cette mousse visible serait uniquement due aux averses, par un  "lessivage des terrains (sédiments, matières organiques, feuilles d'arbres)", "un phénomène tout à fait naturel qui se produit sur les cours d'eaux".

Voilà qui devrait ne pas satisfaire les membres du collectif d'Hazketa 2010, qui contestent depuis des années les conditions d'exploitation de ce centre de stockage de déchets.

Retrouver un cours d'eau charriant un apport important de fluides brunâtres et mousseux, au moins 4 heures avant le déclenchement "officiel" de l'alerte : cela pourrait-il induire que la procédure théorique de sécurité, consistant à acheminer une partie des substances toxiques vers un 2ème bassin de secours, par l'activation de pompes spécifiques, ait été défaillante ?

"Le débordement du bassin lixiviats lié à un événement météo exceptionnel a parfaitement fonctionné", dément le groupe, en réponse à nos questions.

L'hypothèse d'un défaut de sécurité "officiellement" écarté, reste tout de même celle d'une erreur humaine de manipulation, absente du rapport transmis par l'industriel à l'autorité de surveillance de la Dreal à Pau.

Car un paragraphe de ce rapport, dont nous avons pu nous procurer des passages des plus appétissants, signale tout de même que le bassin des lixiviats était en travaux dans la semaine avant l'incident.

En effet, "installée dans le courant de la semaine dernière sur le site", a été mise en service "une station de traitement mobile", permettant de traiter "l'ensemble des lixiviats et lixiviats mélangés", soit une circonstance à même de perturber le fonctionnement normal du centre.

La fermeture des pompes de secours pendant les travaux, puis l'oubli de leurs réouvertures juste le vendredi soir, avant que ne commence le déluge sur Hasparren (l'une des communes les plus touchées du Pays Basque nord ce week-end là) constitue une hypothèse qu'il est impossible d'écarter.

Et qui permet de mieux saisir un autre déroulement possible des faits.

Le bassin de lixiviats, débordant car privé par l'arrêt de ces pompes d'un échappatoire conséquent de sécurité dans le 2ème bassin de secours, aurait alors déversé ses eaux contaminées (et non diluées) à l'extérieur de ses limites, et provoqué ces forts rejets latéraux tels que observés ce dimanche matin-là.

A la question par eitb.com de savoir si serait effectuée l'analyse des sédiments du ruisseau, réponse a été faite par la Dreal de Pau que "le cours d'eau en question présente par nature un important mélange de boues organiques", rendant ainsi "impossible" la traçabilité d'une éventuelle pollution.

La ligne de défense de l'industriel repose donc toujours à cette heure sur la composition toxicologique "réglementaire" des eaux du bassin de secours, qui aurait recueilli un apport de débordement du bassin lixiviats "limité à 15 % du volume total du bassin d'eaux pluviales".

Une analyse "satisfaisante", donc, comme a sans doute été "satisfaisante" l'analyse du dernier repas de Michael Jackson juste avant sa mort.

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