À Bayonne, le train de nitrate d'ammonium met le feu aux poudres

Le premier train transportant du nitrate d'ammonium technique (NAT) produit par la société Yara à Pardies (Béarn) est arrivé sur le port de Bayonne ce mardi matin après avoir passé la nuit dans la gare de Bayonne. Le déchargement était en cours de réalisation ce mardi matin. Un second train est attendu dans la journée.

Le premier train est arrivé à Bayonne lundi soir. Au lieu de se rendre tout de suite au port de Bayonne, le train a été stocké en gare de Bayonne, en plein centre ville, dans la nuit de lundi à mardi, a indiqué le sous-préfet sur les ondes de France Bleu Pays Basque, tout en reconnaissant qu'il faudra "vérifier" si ça pose problème.

Des élus locaux, dont Jean Espilondo, maire d'Anglet, Claude Olive, conseiller général d'Anglet et Marie-José Espiaube, maire du Boucau, se sont rendus sur place pour dénoncer ce stockage du NAT au cours de la nuit dans la gare de triage de Bayonne, "quand le protocole interdisait tout stationnement du convoi avant transbordement", rappelle la ville d'Anglet dans un communiqué.

Un courrier demandant des explications sur ce point a été transmis aux autorités compétentes, a indiqué la ville d'Anglet : "Les règles de sécurité doivent être rigoureusement appliquées, sans quoi il n'y a pas de confiance possible. Or le Port de Bayonne, équipement structurant pour le développement économique et l'emploi dans notre bassin de vie, ne peut développer son activité sans l'indispensable confiance des populations environnantes".

Les discussions salutaires entamées avec la Région dans l'élaboration du Schéma directeur du Port de Bayonne doivent aborder cette question de la sécurité : "Comme nous le demandons depuis 2008, l'installation d'une antenne secours du SDIS à proximité des installations portuaires est indispensable pour garantir une intervention immédiate en cas de problème", ajoute la ville d'Anglet.

Les communes de Bayonne, Anglet, Boucau et Tarnos ont essayé d'empêcher ce transit de NAT sur le port de Bayonne en déposant plusieurs recours contre l'arrêté préfectoral. La plupart d'entre eux ont été rejetés. Un recours contentieux devrait être prochainement jugé au fond.

Yara, plus grand fournisseur indépendant de nitrate d'ammonium technique et de nitrate de calcium pour utilisation dans l'industrie des explosifs civils et l'industrie minière, prévoit de faire transiter 20 000 tonnes par an de nitrate d'ammonium par Bayonne, soit un convoi ferroviaire par mois.

"Plusieurs accidents dramatiques, voire catastrophiques, de type explosion majeure, ont périodiquement mis en évidence la grande dangerosité des stockages de nitrate d'ammonium ou d'ammonitrates," indique la Caisse nationale de l'assurance maladie des travailleurs salariés (CNAMTS) dans sa brochure "Le stockage du nitrate d'ammonium et des ammonitrates solides".

Le CADE dénonce l'opacité et les mensonges qui entourent le transit

Pour le Collectif des associations de défense de l'environnement (CADE), "ce premier transbordement mené dans la plus grande discrétion et la plus totale opacité a été effectué alors que les conditions de sécurité pour accueillir cette manière explosive et dangereuse ne sont pas réunies".

"Une caserne de pompiers sur la rive droite fait actuellement défaut. En cas d'incendie, en combien de temps les pompiers d'Anglet pourront-ils intervenir ? Par ailleurs, sur les quais plusieurs matières combustibles (et explosives) sont déjà présentes formant un cocktail idéal pour déclencher une catastrophe sans précédent," dénonce le CADE dans un communiqué.

Selon le collectif, "le risque pris pour accepter cette activité qui ne représentera que 0,3% du trafic portuaire est démesuré". Et de rappeler qu'en 2004, en Corée du Nord, l'explosion d'un train chargé d'essence et de nitrate d'ammonium dans la gare de Ryongchon (ville de 130 000 habitants située à 20 km de la frontière chinoise) a provoqué la mort de 161 personnes et plus de 1 300 blessés.