Sur les pas de Jakes Abeberry

Le documentaire Sur les pas de Jakes, un portrait de Jacques Abeberry, réalisé par Ramuntxo Garbisu, sera présenté pour la première fois au grand public ce vendredi soir 12 octobre au Royal de Biarritz, en présence du réalisateur et du protagoniste. Un événement exceptionnel consacré à une haute figure de la culture et de la vie politique du Pays Basque.

Jacques Abeberry, "Jakes", est un des hommes les plus emblématiques de l'histoire récente du Pays Basque. Aujourd'hui conseiller municipal à Biarritz, il a été longtemps adjoint au maire Didier Borotra. Chargé de la culture, il a initié à partir de 1991 une revitalisation de l'art vivant à Biarritz qui se traduit aujourd'hui par l'activité de trois lieux de spectacles proposant chaque année plus de 200 rendez-vous dans cette ville de 30.000 habitants.

En 1960, il a fondé le journal Enbata (nom basque d'un vent marin), qu'il continue à diriger. Le 15 avril 1963 il fut l'un des signataires de la charte d'Itxassou, qui posait les bases du mouvement abertzale (souverainiste) dans le Pays Basque nord.

En tant que président et directeur artistique d'Oldarra, la fameuse compagnie des ballets et chants basques de Biarritz où il a "pris conscience de la réalité basque" à l'âge de 15 ans, il s'est efforcé de "sortir la danse basque des limites du folklore pour la faire évoluer vers un véritable spectacle d'inspiration populaire", selon le quotidien Sud Ouest.

 

 

Jakes Abeberry s'est toujours fortement engagé pour défendre sa vision politique et culturelle comme "un pas nécessaire vers l'autre", en particulier dans le contexte violent de la résistance au franquisme, marqué à partir de 1959 par la naissance d'ETA, puis dans celui du conflit basque.

"Un "pas vers l'autre", et donc, sans nul doute, un pas de danse, pour ceux qui connaissent de lui sa certitude que vivre au Pays Basque se fonde sur la défense et l'accueil des langues, des cultures, et de l'art," estime Ramuntxo Garbisu, réalisateur du documentaire.

Sur les pas de Jakes est le deuxième documentaire de Ramuntxo Garbisu. Exploitant du cinéma L'Atalante de Bayonne pendant 14 ans, puis journaliste pour eitb.com jusqu'au 31 décembre 2011, il avait dédié son premier documentaire, Dans le port, on nous dit que tout est bon, à une enquête sur la contamination radioactive de l'ancienne usine Fertiladour sur le port de Bayonne. Ce documentaire a reçu le Prix Eusko Ikaskuntza/Ville de Bayonne 2011 et a été projété dans une vingtaine de salles.

Ramuntxo a réalisé le documentaire Sur les pas de Jakes entre janvier et juillet 2012 (4 mois de tournage et 2 mois de montage), tout en traversant une période difficile au niveau professionnel. "Sans le soutien financier d'Eusko Ikaskuntza, qui m'a octroyé une bourse de 750 euros, je ne me serai sans doute pas lancé dans cette aventure," tient à souligner le réalisateur.

Malgré le petit budget du documentaire, "qui doit tourner en dessous de 2.000 euros en tout", Ramuntxo s'est montré capable - une fois de plus - de faire des merveilles avec très peu de moyens. Le film est aussi réussi qu'indispensable pour la mémoire du Pays Basque, et pour construire son avenir en suivant les pas de Jakes.

La réalisation du documentaire sur Jakes Abeberry aura permis au réalisateur de se "rapprocher de l'histoire intime d'un Pays Basque" dans lequel il n'avait pas baigné en étant petit et de remonter avec Jakes ces fragments du passé qui commençaient à lui manquer, "à la manière d’un exilé sur son propre sol".

À cette satisfaction personnelle s'ajoute une deuxième, nous a-t-il précisé. Il est ravi que, lors d'une première projection "en toute intimité" le 7 juillet dernier, les spectateurs "non-Basques", comme Thierry Malandain, "aient pu trouver leurs places et ressentir de vives émotions devant ce film, qui dépasse le simple portrait d'un homme, pour s'attacher à l'histoire sur 50 ans d'un pays dans lequel cet homme a eu toute sa place également," nous a dit Ramuntxo.

Rendez-vous donc ce vendredi soir (19h00) au Royal de Biarritz pour la première projection publique du documentaire.

À lire aussi : le blog de Ramuntxo Garbisu.